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  Anthelme Hauchecorne







Machine témoigne, planquez-vous

[CODEX METROPOLIS] 
Le Manifeste de Machine 
 
Salut à toi, camarade. 
Bienvenue dans le monde de la rue. Tu cherches tes 
repères ? Tu te sens perdu ? 
Lis donc les paroles de sagesse de l’oncle Machine. 
Je ne prendrai pas de gants. Je n’aime ni les pleureuses 
ni les geignards. Tu es dans une merde noire. 
Pour commencer, ce Codex Metropolis est une vaste 
connerie. L’idée même d’un manuel de survie pour 
Éveillés me fout la nausée. Pourquoi pas un recueil de 
chansons scoutes, tant qu’ils y sont ? Aucun livre ne fera 
de toi un authentique Chasseur de Streums. La seule façon 
d’y parvenir, camarade, serait de jeter ce foutu fascicule 
au feu pour traîner dans les rues. Traque, piste, flaire, 
débusque tes ennemis. Démolis-les. Tue jusqu’à être tué. 
Vis par le poing, meurs par le poing. 
Des idéalistes, les cimetières en sont remplis. Crois-en 
mon expérience. Seuls survivent les pourris. 
 
RÈGLE DE FER NUMÉRO UN : SOIS UN 
POURRI.
 
Je suis une ordure. Je n’ai pas de leçons à donner. 
Pourtant, les autres insistent pour que je t’écrive encore 
quelques mots. Ce sont d’abominables casse-couilles, tu 
as dû le remarquer. Ils m’ont travaillé à l’usure. Soit. Je 
vais faire simple. Ces deux pages sont les seules que je 
gribouillerai. Tâche de ne pas en perdre une miette. 
Tu pénètres dans un monde en guerre. Cette ville est 
un champ de bataille. Tu es de la chair tendre que nous 
devons, toi et moi, rafistoler d’acier et de rivets, si nous voulons qu’elle tienne une nuit de plus. Lave-toi à l’huile, 
ponce-toi les crocs à la disqueuse, mâche de la limaille 
de fer, fais-toi une laideur au papier de verre. Oublie 
que tu as été humain. Dévoile à la face du monde quel 
abominable enfant de pute tu es. Monstre-toi. 
 
RÈGLE DE FER NUMÉRO DEUX : MONSTRE-TOI. 
Tu dois connaître ton ennemi mieux que toi-même. 
Tu dois penser Streum, bouffer Streum, chier Streum, 
matin, midi et soir. Tu entendras parfois des intellos leur 
donner d’autres noms : Yokaï ou Daedalos… Laisse-les 
dans leur coin. Pour toi, ce sont des Streums, point barre. 
Peu importe qu’il en existe de différentes espèces : les 
Avarois, les Breneux, les Croquemitaines, les Duretêtes, 
les Échardoirs, les Fabellines, les Grandgosiers, les Gare- 
Grouilles, les Macabracs, les Nébulistes, les Ondines, 
les Pensouillards, les Sanguignoles, les Trollusques, les 
Vademanques… Et j’en oublie probablement les trois 
quarts. Pour toi, ils n’appartiennent tous qu’à une seule 
race : celle qui mérite de crever. 
Peu importe d’où ils viennent. Ils ont commis l’erreur 
de piétiner nos plates-bandes. Quand une araignée 
s’incruste chez toi, tu ne lui demandes pas son passeport. 
Tu l’écrases. 
Mais ne va pas croire que ce sera chose facile. Les 
Streums ne sont pas de vulgaires bêtes. Ils sont bien pires 
que cela. 
Pour les exterminer, attends qu’ils se nourrissent. 
Certaines couilles molles que ne je nommerai pas (Pas 
vrai Mab ? Pas vrai Koudelka ?) te diront que nous sommes 
là pour protéger les Dormeurs. Envoie-les se faire voir. 
Qui nous protège, nous ? Les Dormeurs ne sont que des 
asticots bons à planter au bout de ton hameçon. Laisse 
donc ta proie en vider un ou deux. Laisse ton Streum se 
gaver de Chi juteux, jusqu’à ce qu’il soit repu, qu’il relâche sa vigilance. Alors, élimine-le. Saigne-le. Torture-le. Ici à 
la Vigie, nous avons une réputation à tenir. Épouvanter tes 
adversaires, c’est t’assurer la moitié de la victoire. 
Oublie la peur. Fais-la changer de camp. La peur est 
pour l’ennemi. 
 
RÈGLE DE FER NUMÉRO TROIS : LA PEUR 
EST POUR L’ENNEMI.
 
Tu n’as pas encore goûté au sang, pas vrai ? Je vais 
te donner le seul conseil dont tu aies besoin. Lors de ta 
première baston contre un Streum, dis-toi que cet enfoiré 
a mangé tes tartines, tué ton père, battu ta mère et enculé 
ton chien. Dis-toi que les Streums sont responsables de 
la « merditude » de ta vie. Ne pense plus, penser ralentit, 
penser ramollit. Une arme n’a pas besoin de cervelle. Juste 
d’être affûtée. Cette ville ne comprend que la sueur et le 
sang. Paye le prix de la douleur. 
 
RÈGLE DE FER NUMÉRO QUATRE : PAYE LE 
PRIX DE LA DOULEUR.
 
Tu es le glaive vengeur de l’Humanité. Le napalm 
affamé de brûler ces étrangers qui nous envahissent. Ne 
fais confiance à personne. Ni aux fondateurs de la Vigie. 
Ni à tes amis. Ni à ta famille. Pas même à moi. 
Les humains échouent. Les humains souffrent. Les 
humains meurent. 
Nous vivons à l’heure de la machine. Ta chair n’est 
qu’un vestige. Un brouillon de l’évolution. Débarrasse-t- 
en. Jette ta combinaison de peau. 
Deviens machine. Deviens automate de rouages 
acérés, de tubes et de pistons. Une ordure biomécanique 
blindée, prête à cracher ses munitions. 
 
RÈGLE DE FER NUMÉRO CINQ : DEVIENS 
MACHINE.
 
J’ai écrit plus que je ne voulais. Assez probablement 
pour le restant de mes jours. 
Si tu as compris mon message, pose ce bouquin. Ôte 
ton masque de singe civilisé. 
Et sors montrer au monde quelle monstrueuse 
machine de mort tu fais. 
 
Aymeric dit « Machine », 
Pilier et second maître de la Vigie 
 
 
 
 
 
05/04/2013 Grand déménagement ! 
Après trois années de bons et loyaux services, ce blog va bientôt fermer ses portes. Ne soyez pas tristes, l'auteur et son sens de l'humour très approximatif déménagent dans une friche virtuelle un rien plus spacieuse. 
 
Pour les y suivre : 
La nouvelle antre d'Anthelme Hauchecorne

   
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Modifié en dernier lieu le 13.04.2013
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