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Machine témoigne, planquez-vous
[CODEX METROPOLIS]
Le Manifeste de Machine
Salut à toi, camarade.
Bienvenue dans le monde de la rue. Tu cherches tes
repères ? Tu te sens perdu ?
Lis donc les paroles de sagesse de l’oncle Machine.
Je ne prendrai pas de gants. Je n’aime ni les pleureuses
ni les geignards. Tu es dans une merde noire.
Pour commencer, ce Codex Metropolis est une vaste
connerie. L’idée même d’un manuel de survie pour
Éveillés me fout la nausée. Pourquoi pas un recueil de
chansons scoutes, tant qu’ils y sont ? Aucun livre ne fera
de toi un authentique Chasseur de Streums. La seule façon
d’y parvenir, camarade, serait de jeter ce foutu fascicule
au feu pour traîner dans les rues. Traque, piste, flaire,
débusque tes ennemis. Démolis-les. Tue jusqu’à être tué.
Vis par le poing, meurs par le poing.
Des idéalistes, les cimetières en sont remplis. Crois-en
mon expérience. Seuls survivent les pourris.
RÈGLE DE FER NUMÉRO UN : SOIS UN
POURRI.
Je suis une ordure. Je n’ai pas de leçons à donner.
Pourtant, les autres insistent pour que je t’écrive encore
quelques mots. Ce sont d’abominables casse-couilles, tu
as dû le remarquer. Ils m’ont travaillé à l’usure. Soit. Je
vais faire simple. Ces deux pages sont les seules que je
gribouillerai. Tâche de ne pas en perdre une miette.
Tu pénètres dans un monde en guerre. Cette ville est
un champ de bataille. Tu es de la chair tendre que nous
devons, toi et moi, rafistoler d’acier et de rivets, si nous voulons qu’elle tienne une nuit de plus. Lave-toi à l’huile,
ponce-toi les crocs à la disqueuse, mâche de la limaille
de fer, fais-toi une laideur au papier de verre. Oublie
que tu as été humain. Dévoile à la face du monde quel
abominable enfant de pute tu es. Monstre-toi.
RÈGLE DE FER NUMÉRO DEUX : MONSTRE-TOI.
Tu dois connaître ton ennemi mieux que toi-même.
Tu dois penser Streum, bouffer Streum, chier Streum,
matin, midi et soir. Tu entendras parfois des intellos leur
donner d’autres noms : Yokaï ou Daedalos… Laisse-les
dans leur coin. Pour toi, ce sont des Streums, point barre.
Peu importe qu’il en existe de différentes espèces : les
Avarois, les Breneux, les Croquemitaines, les Duretêtes,
les Échardoirs, les Fabellines, les Grandgosiers, les Gare-
Grouilles, les Macabracs, les Nébulistes, les Ondines,
les Pensouillards, les Sanguignoles, les Trollusques, les
Vademanques… Et j’en oublie probablement les trois
quarts. Pour toi, ils n’appartiennent tous qu’à une seule
race : celle qui mérite de crever.
Peu importe d’où ils viennent. Ils ont commis l’erreur
de piétiner nos plates-bandes. Quand une araignée
s’incruste chez toi, tu ne lui demandes pas son passeport.
Tu l’écrases.
Mais ne va pas croire que ce sera chose facile. Les
Streums ne sont pas de vulgaires bêtes. Ils sont bien pires
que cela.
Pour les exterminer, attends qu’ils se nourrissent.
Certaines couilles molles que ne je nommerai pas (Pas
vrai Mab ? Pas vrai Koudelka ?) te diront que nous sommes
là pour protéger les Dormeurs. Envoie-les se faire voir.
Qui nous protège, nous ? Les Dormeurs ne sont que des
asticots bons à planter au bout de ton hameçon. Laisse
donc ta proie en vider un ou deux. Laisse ton Streum se
gaver de Chi juteux, jusqu’à ce qu’il soit repu, qu’il relâche sa vigilance. Alors, élimine-le. Saigne-le. Torture-le. Ici à
la Vigie, nous avons une réputation à tenir. Épouvanter tes
adversaires, c’est t’assurer la moitié de la victoire.
Oublie la peur. Fais-la changer de camp. La peur est
pour l’ennemi.
RÈGLE DE FER NUMÉRO TROIS : LA PEUR
EST POUR L’ENNEMI.
Tu n’as pas encore goûté au sang, pas vrai ? Je vais
te donner le seul conseil dont tu aies besoin. Lors de ta
première baston contre un Streum, dis-toi que cet enfoiré
a mangé tes tartines, tué ton père, battu ta mère et enculé
ton chien. Dis-toi que les Streums sont responsables de
la « merditude » de ta vie. Ne pense plus, penser ralentit,
penser ramollit. Une arme n’a pas besoin de cervelle. Juste
d’être affûtée. Cette ville ne comprend que la sueur et le
sang. Paye le prix de la douleur.
RÈGLE DE FER NUMÉRO QUATRE : PAYE LE
PRIX DE LA DOULEUR.
Tu es le glaive vengeur de l’Humanité. Le napalm
affamé de brûler ces étrangers qui nous envahissent. Ne
fais confiance à personne. Ni aux fondateurs de la Vigie.
Ni à tes amis. Ni à ta famille. Pas même à moi.
Les humains échouent. Les humains souffrent. Les
humains meurent.
Nous vivons à l’heure de la machine. Ta chair n’est
qu’un vestige. Un brouillon de l’évolution. Débarrasse-t-
en. Jette ta combinaison de peau.
Deviens machine. Deviens automate de rouages
acérés, de tubes et de pistons. Une ordure biomécanique
blindée, prête à cracher ses munitions.
RÈGLE DE FER NUMÉRO CINQ : DEVIENS
MACHINE.
J’ai écrit plus que je ne voulais. Assez probablement
pour le restant de mes jours.
Si tu as compris mon message, pose ce bouquin. Ôte
ton masque de singe civilisé.
Et sors montrer au monde quelle monstrueuse
machine de mort tu fais.
Aymeric dit « Machine »,
Pilier et second maître de la Vigie
05/04/2013 Grand déménagement !
Après trois années de bons et loyaux services, ce blog va bientôt fermer ses portes. Ne soyez pas tristes, l'auteur et son sens de l'humour très approximatif déménagent dans une friche virtuelle un rien plus spacieuse.
Pour les y suivre :
La nouvelle antre d'Anthelme Hauchecorne
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